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Sans couleur, sans saveur

mar. 2 Nov 2021

Court extrait du livre « Echapper aux manipulateurs » de Christel Petitcollin « Psychothérapeute, conférencière et écrivain français »

« C’est la première fois que je reçois cette personne en rendez-vous. Elle est là devant moi, homme, femme, peu importe… Le débit de parole est dense, stressé, haché. Il accélère et dérape parfois vers les aigus pour retrouver plus tard son rythme saccadé. Le contenu du discours est décousu, éparpillé. La personne saute d’un sujet à l’autre sans lien apparent, évoque des situations qu’elle a dû tellement ruminer et remâcher, qu’elle ne se soucie même pas de me les expliquer clairement, comme si je savais forcément de quoi elle parle. A travers ce récit incohérent en apparence, j’entends beaucoup de stress, de souffrance et de honte, de non-dits aussi, une culpabilité infinie, un grand sentiment d’impuissance et surtout un profond découragement.

Lorsque je pose la question…Y-a-t-il dans votre entourage une personne difficile ?… La réponse ressemble à un soupir de soulagement. Les premiers signes d’apaisement apparaissent même si l’accalmie est de courte durée. Oui, ma mère ou ma femme, mon mari, mon ami, ma belle-mère, mon frère, ma fille, mon voisin, mon chef.… Peu importe. L’espace d’un instant la personne en thérapie semble avoir identifié son problème.

Ce qui est frappant dans le récit des victimes de manipulation mentale c’est la récurrence, le profil des manipulateurs est étrangement standard, comportant systématiquement les mêmes caractéristiques, c’est-à-dire, les manipulateurs sont des marchands de peur. 

La manipulation est un mécanisme insidieux qui s’installe graduellement et c’est pour cela qu’il est difficile de la détecter. De nombreuses personnes vivent une relation d’emprise ou de harcèlement sans même le savoir. Elles sont angoissées, stressées et la liste de leurs somatisations physiques s’allonge chaque jour. Empêtrées dans une toile d’araignée relationnelle aliénante et cherchant désespérément l’issue salvatrice, elles se croient folles et ne réalisent pas qu’une personne de leur entourage, tel un vampire, les vide de leur énergie vitale et les pousse sournoisement à leur perte.

Quand la manipulation est intense, quand elle dure trop longtemps, cette dynamique néfaste peut réellement avoir des conséquences dramatiques sur la personne qui en est victime.

Extrait du livre « Echapper aux manipulateurs » de Christel Petitcollin

Vacarme émotionnel…

Dans une logique d’échec où toute évolution se voit être refusée, où cette loi du tout ou rien nous maintient dans un état de fébrilité, où ce jeu du « Je » nous dirige dans cet univers flou d’une réalité transformée par le regard des autres.… Faire du juste un sentiment de renouveau… C’est franchir la barrière du temps en rétablissant et à plus forte raison sans artifice, sans illusion, sans fraude, ce lien à soi.

« On ne peut changer son histoire mais on peut en changer le sens… »

Les parts d’ombres enfouies en nous « ignorées, minimisées, refoulées » œuvrent en silence dans la vie de tous les jours en générant des troubles affectifs représentant l’énergie principale de l’iceberg de ce qui se doit d’être affiné « blessures d’antan, lien fusionnel, attachement nocif ». Cette partie cachée qui obscurcit, dépeint et déforme, qui multiplie une résurgence de paradoxes et conflits, qui interfère dans un désir d’être, de définir et de ressentir n’est autre que le résultat de nos relations manquées « représentation identificatoire qui incarne la dualité ».

Faire du juste un sentiment de renouveau…

En se tournant vers une connaissance plus approfondie de soi-même, en se libérant de ce nœud fragilisant « couches superposées » qui relève de toutes sortes d’expériences négatives, en s’accordant ce droit d’exister sous un tout autre registre « mettre fin à des croyances erronées » nous ne craignons plus d’être amené à répéter. 

En acceptant de laisser entrer d’avantage de lumière dans sa vie, en refusant d’être celui ou celle qui subit, nous nous protégeons de l’adversité et de sa négativité.

Prendre le risque de s’émouvoir sur son histoire sans filtre et sans écran, en étant soi tout simplement…

C’est sortir de sa zone de confort « brouillard mental » afin de privilégier le renouveau et la diversité des sentiments.

C’est réapprendre à habiter son corps avec humilité « exprimer ses émotions non autorisées car non reconnues » en identifiant une vérité dans sa globalité afin de ne pas devenir les otages du temps.

La compréhension de ce que nous vivons, de ce que nous projetons a pour vocation d’apaiser toutes blessures du « Moi » mais également de garder espoir quant au futur qui se présente.

« Il y a deux façons de se tromper, l’une est de croire ce qui n’est pas, l’autre de refuser de croire ce qui est…»

Sören KIERKEGAARD