La passion amoureuse

La passion amoureuse «  la répétition »

Court extrait du livre « Les amours impossibles » de Saverio Tomasella  « Psychanalyste et écrivain français »

« Chacun ne peut accéder à la réalité de l’Amour que s’il se sent réellement exister en tant que Personne…

Les expériences que nous vivons, nous pouvons les traverser et les mémoriser de façon uniquement sensorielle, émotionnelle et affective. Ainsi nos amours restent improbables tant que nous ne nous autorisons pas à suspendre le temps impérieux des horloges, tant que nous n’acceptons pas de quitter la maîtrise que nous donne l’extériorité pour nous risquer à accepter de partager la fragilité de notre intériorité avec son temps suspendu et ses clairs obscurs.

L’amour n’est possible que si nous passons de l’estime à l’intime, du général au particulier, de la dualité à la complicité, de la perfection à l’imperfection.

Souvent sans le vouloir, nous nous construisons des prisons invisibles, prisons relationnelles ou même des prisons intérieures…nos croyances sur la vie, le monde, l’autre, la relation, l’amour… D’une façon ou d’une autre, nos prisons psychiques nous empêchent d’aimer tant que nous n’avons pas pris conscience de ce qui nous bride et nous enferme.

Les marques laissées par des expériences douloureuses, d’antan ou passé dont certaines sont parfois traumatiques sont des blessures en soi qui demandent du temps pour être pansées, un investissement pour être pensées, clarifiées et cicatrisées. Quand le passé est dépassé, les moments douloureux de l’histoire de l’individu sont de simples informations qui ne le concernent plus, ni aujourd’hui ni dans son devenir. L’existence n’est plus une répétition en vase clos mais un parcours initiatique, un grand voyage sur la vie, sur le monde, sur lui-même autant que sur les autres.

L’amour est partage et réciprocité, il s’agit d’accepter à la fois d’aimer et d’être aimé.

Pour qu’une rencontre puisse réellement avoir lieu, il est nécessaire qu’un véritable contact se fasse avec l’autre et non avec les situations du passé, les mises en scène ou les apparences qui servent à acheter le fantasme.

Devenir libre d’aimer est un long chemin, une fois que nous nous libérons de nos chaînes, la rencontre vivante avec l’autre peut avoir lieu.

L’amour est possible que si nous en souhaitons le désir, que si nous lui créons un espace, que si nous lui accordons une vraie place.

Extrait du livre « Les amours impossibles » de Saverio Tomasella

La marche du temps…

L’Amour c’est une valse à deux, ce n’est pas un jeu.

Une part de chance qui commence par une attirance.

Un processus progressif qui demande de la compassion, de la compréhension et de la légèreté.

L’Amour est source d’inspiration car il est censé nous faire grandir pour construire.

C’est un « Nous » conjugué à la fois ensemble et séparément.

C’est une promesse d’avenir pour s’épanouir librement sans avoir à rejouer les conflits du passé de nos rendez-vous affectifs manqués.

L’Amour cette magie des sens qui respire la vie, ce joyau qui émane de la lumière, qui puise sa force et ses richesses dans l’écorce du moment présent, intense et vivant, excelle dans l’art du partage.

Cependant…

Comment le plus beau des sentiments peut-il nous faire souffrir ?

Le rêve éveillé…

L’individu qu’il ne fallait pas rencontrer va s’installer dans la durée « psychologiquement » pour nous emmener sur un terrain glissant semé d’embûches.

Les débuts de la relation avec un manipulateur a toujours un côté fabuleux et donne l’impression de vivre un conte de fée. Il est si charmant avec son sourire d’ange, si protecteur car il compte bien apaiser toutes nos douleurs, insaisissable toutefois, inaccessible parfois mais tellement convainquant quand il s’exprime avec son regard si pénétrant. Il a ce petit quelque chose qui fait toute la différence et qui correspond à toutes nos attentes, tous nos désirs les plus secrets.

Sa force de conviction est captivante et son art pour manipuler si envoûtant.

Seulement tôt ou tard ce que l’on peine à croire fera son petit bout de chemin et tournera au cauchemar.

Le manipulateur porte en lui un désir de vengeance sur autrui, autrement dit la négation dans ce rapport à deux « conflictuel-projection-médisance-assujettissement de l’autre pour le rendre totalement dépendant… ». Il lui faut projeter ses propres souffrances pour se retrouver à l’abri d’une lutte incommensurable qu’il entretient entre ce lien psychique qu’il se doit de préserver « dette » et cette faille narcissique qui gravite en lui et autour de lui.

La passion douloureuse naît d’une erreur de cohérence et de langage « entre deux êtres » dans le monde de la pensée car elle provient de cette part de nuit.

Le cœur blessé…

Lorsque le premier attachement a manqué nous souffrons d’un vide affectif important qui provoque bien des déboires et des désillusions dans une relation amoureuse. Nous allons d’échec en échec car l’amour et l’engagement chargés…de peur – d’illusion – de jalousie – de dépendance et de fusion sont vécus comme des prisons qui ne permettent en rien de vivre l’amour tant souhaité.

Aimer passionnément au point de devenir un autre, de voir ses principes, sa morale, ses valeurs et ses priorités voler en éclats, relève d’un profond désarroi. Ce dysfonctionnement intérieur ne se règlera que lorsqu’une goutte d’eau « la dernière » fera déborder le vase des émotions.

Le rôle de la mémoire…

Si l’amour débute par la symbiose, la frontière entre réalité et illusion reste un terrain vague « erreur de discernement exprimant plusieurs éléments refoulés ». La sève qui en découle, redoutable tempête pour le néant fait naître en soi une production en chaîne d’angoisses qui ne s’apaise jamais. On comprend facilement que… sous le masque de la répétition…tant que notre perception émotionnelle de nos dilemmes intérieurs n’est pas réglée, on risque de s’aventurer toujours et encore dans cette direction.

Les blessures amoureuses qui nous plongent dans une détresse affolante laissent des souvenirs cuisants, des cicatrices très sensibles et des réflexes de repli et de protection.

La passion amoureuse sur le plan de la matière et de la dualité témoigne de maux à déchiffrer. Ce qui a été ainsi rejeté voire refoulé a d’abord été et continue d’être et d’exister. La souffrance qui en découle nous emprisonne dans un schéma de pensée qui ne cesse de se répéter.

« Je peux contrôler mes passions et mes émotions si je peux comprendre leur nature… »

SPINOZA