Court extrait du livre « Renaître après un traumatisme-la traversée des tempêtes » de Saverio Tomasella « Docteur en Sciences Humaines, fondateur du centre d’études et de recherches en psychanalyse, Ecrivain français ».
« Après un traumatisme, l’âme peut être verrouillé de bien des façons. Le trauma correspond à un ensemble de vécus…sensibles-corporels-émotionnels-sentimentaux…prenant place au sein de relations particulières. Il n’y a ni petit, ni grand traumatisme, il s’agit de la même traversée, survivre au désastre, se reconstruire sur les ruines laissées par la tempête, renaître de ses cendres.
L’effraction qui relève d’une violence psychologique « emprise » provoque un déferlement de troubles post-traumatique de la pensée qui submerge le sujet. Cette sensation « profonde détresse » correspond à l’acte de briser en une intrusion violente nos contours et notre enveloppe subjective pour en reconsidérer une autre.
Comment faire pour se libérer de la prison intérieure du trauma qui a assigné le sujet à une identité qui n’est pas la sienne ?
L’emprise psychologique se manifeste par une tension douloureuse qui confronte la personne à des angoisses qui semblent la détourner du monde, de la réalité. Le sujet est paralysé par la peur et perd au fil du temps sa capacité à maintenir la continuité de son identité, il ne lui est guère possible de penser, de comprendre et de se représenter la vie sous un autre angle. La violence d’autrui en s’appuyant sur tous les aspects de la sensibilité, des émotions et des sentiments plonge l’être dans une agonie psychique.
Nous sommes vulnérables à la mesure de nos blessures !
Lorsqu’il y a eu trauma, la tâche de la psychanalyse est d’aider à surmonter les peurs et à défaire les fixations qui compromettent le retour à une vie spontanée. Pour dévoiler l’empreinte traumatique qui peut prendre une coloration étrange en l’évoquant, la fiabilité et le tact du psychanalyste sont donc déterminants. Cette approche va permettre d’amener le patient sur la voie de la délivrance ».
Extrait « Renaitre après un traumatisme-la traversée des tempêtes » de Saverio Tomasella
L’existence verrouillée…
La réflexion philosophique qui n’est pas toujours dans l’air du temps nous amène parfois à nous pencher sur le véritable sens de l’existence et ses trésors cachés.
Toutefois, nos souffrances qui continuent de s’engouffrer dans le mouvement de la vie et qui nous détachent à un niveau profond de nos véritables valeurs en prenant une tournure chaotique posent une résistance.
Une question s’impose alors d’elle-même…
D’un point de vue analytique, comment définir cette dynamique psychologique qu’est l’emprise ?
L’emprise psychologique, sous des formes diverses et variées est une volonté délibérée d’un individu de se procurer une certaine jouissance en récupérant l’énergie d’autrui sous influence.
C’est avant tout une action d’appropriation de l’autre maintenu comme un instrument chosifié, dépersonnalisé dans un état de soumission et de dépendance.
Sur le plan collectif, cela se traduit par la neutralisation du désir d’autrui « modeler à la façon de…renier en tant que je… » soumis à une forme d’impuissance.
Sur le plan individuel dans une relation d’emprise, c’est se retrouver victime d’une effroyable fatalité de cet autre dont la différence terrifie « être identifié comme cible de projection….domination-manipulation voire destruction ».
Sur le plan social, il s’agit soit d’une atteinte portée à l’autre en tant que sujet différent caractérisé par sa singularité et sa spécificité, soit d’un modèle faussé, imposé par la société et vécu sous le mode de la confusion, de la manipulation, de l’illusion.
L’emprise psychologique souvent banalisée, ce qui la rend d’autant plus redoutable et tenace fait bien des dégâts. La personne qui subit cette violence peut voir lentement ses forces se retirer car la partie déconvenue et cachée énonce clairement qu’il s’agit de traumatismes répétées qui vont bien au-delà d’un simple trauma à surmonter.
Un lourd secret…
Les rapports d’emprise « de nature familiale, amoureuse, professionnelle, amicale » pendant un temps plus ou moins long s’installent en profitant de leviers aussi puissants que la peur, la dévalorisation, l’idéalisation et la dépendance. Et donc cet effacement de soi « cette peur de dire…cette culpabilisation de trahir…cette terreur de partir » voire le déni de cette main mise psychique « emprise de l’autre » peut rester présente dans la représentation tout au long d’un parcours de vie.
L’emprise violente et sournoise d’un tiers alterne entre cruautés et attentions.
Le propre d’une agression psychique est d’entraîner l’autre dans la confusion mentale d’une orchestration d’actes et de faits déstructurés afin de l’amener à perdre ses capacités d’analyse et de réaction.
Prendre le contrôle de l’esprit d’une personne en essayant de générer des comportements précis par le biais de différentes techniques de persuasion parfois de destruction, c’est rendre autrui dépendant d’une très grande énergie toxique injustifiée à long terme.
L’emprise l’un des pièges les plus nocifs « pour celui ou celle qui subit » relève d’un trauma qui crée des aptitudes émotionnelles d’une forte intensité afin de provoquer un profond mal être intérieur qui perdure dans la durée. Quand notre esprit est marqué par une douleur invisible « fasciné par les stratégies d’une illusion » qui nous prive de l’un des biens les plus précieux de notre personnalité « notre intégrité » le malaise psychique « souffrances engourdies » ressenti avec ses bases de sécurité, appauvrit l’enveloppe sensorielle.
Une pause est nécessaire…
Comment vivre dans un monde où la parole est mensongère ?
Comment redorer une image bafouée par le poids d’un passé qui sous l’influence des peurs, des non-dits et des douleurs, limite le champ du possible et du meilleur ?
Pourquoi ne pas faire le choix de lâcher les tensions éventuelles entre le corps et l’esprit pour découvrir en profondeur ces nouvelles sensations corporelles ?
L’emprise neutralise toutes pensées permettant d’agir, d’affiner et de se définir !
Tomber dans le piège de l’emprise…
C’est mettre en péril des rapports humains sous un mode transparent en acceptant des relations sans lendemain.
C’est permettre au premier venu qui se trouve être le reflet de nos premières expériences confirmées, contredites ou nuancées de prendre le contrôle d’un « moi » en l’exploitant.
Oser sortir de l’emprise…
C’est mettre toutes les chances de son côté en observant l’instant tel qu’il se présente dans ses nuances et cette compréhension du moment. L’analyse constitue un instrument thérapeutique précieux pour se défaire de ces chaînes que forme l’emprise.
Une thérapie bien menée permet de regarder la réalité et il suffit qu’un autre puisse l’entendre pour qu’une certaine légèreté se fasse ressentir « une sérénité retrouvée, un retour à soi… ».
« La vie est un chemin et il n’y a pas de bonne ou mauvaise façon de l’emprunter. Certains vont vite, d’autres lentement, parfois courbés ils croisent des marathoniens et des gens pressés et puis il y a aussi ceux qui s’assoient et regardent les autres passer et d’autres encore qui décident de sortir des sentiers… »
Hélène de Fougerolles, actrice française