Le harcèlement moral

Docteur Marie-France HIRIGOYEN « …psychiatre-psychanalyste-victimologue… »

Spécialisée dans l’étude de toutes les formes de violences toxiques et perverses, elle est l’auteure de plusieurs ouvrages qui ont eu un succès considérable.

Dans son livre…Le harcèlement moral…remarquablement documenté Marie-France HIRIGOYEN aborde un phénomène violent « le harcèlement psychologique » mettant en œuvre des mécanismes de contrôle, d’attitudes de déni et d’indifférence à la souffrance d’autrui. 

Que ce soit dans un couple, une famille, une entreprise ou bien dans la vie sociale, la dynamique qui repose sur la loi du plus fort fonctionne toujours de la même manière. 

Obtenir en s’appropriant et anéantissant « intimidation-domination-soumission » la substance de l’autre « la cible, l’objet » pour exercer en se survalorisant « personne toxique » une emprise quasi-totale sur la victime. 

C’est une palette d’agirs destructrice qui entrave, enserre, instrumentalise et bafoue l’identité de celui ou celle qui sera attaqué dans sa force de vie « mépris-mensonges-comportements malveillants, déviants ».

La principale difficulté pour la victime étant donné que le manipulateur toxique porte toujours un masque est de s’identifier en tant que tel et de sortir de la relation d’emprise qui s’est tissée autour d’elle.

Marie-France HIRIGOYEN apporte des clés pour déjouer ce type de relation. Elle met en lumière la toxicité du manipulateur, du narcissique, en exposant les tenants et les aboutissants de la manipulation psychologique. Elle décrypte pas à pas le mécanisme du harcèlement dans différents contextes ce qui rend cet ouvrage utile pour chacun.

Pour un observateur extérieur « psychothérapeute-avocat-psychanalyste » une instrumentalisation de l’un qui entretient… la peur, le doute, la culpabilité, les humiliations, le dénigrement…montre bien qu’un processus destructeur envers l’autre est à l’œuvre. 

Toute tentative de banalisation de cette violence psychologique s’expliquant par la force de la répétition qu’elle soit direct, insidieuse ou indirecte, conduit inévitablement à une action en justice. 

Court extrait du livre…

Elle cite…

« La première phase que le psychanalyste Paul-Claude RACAMIER nomme…abasourdissement voire destruction des facultés de jugement…interfère dans les premiers temps de la relation par le biais de la séduction. 

C’est une période de préparation au cours de laquelle le manipulateur opère par surprise, en secret afin de capter le désir de l’autre. Il s’agit de séduire la victime puis de l’influencer pour enfin la mettre sous emprise en prenant soin de lui retirer toute parcelle de liberté.

En falsifiant la réalité, en utilisant des instincts protecteurs, le manipulateur va s’attaquer à l’identité de l’autre et lui retirer toute forme d’individualité

La séduction narcissique sur un plan juridique consiste à attirer, à fasciner, à corrompre.

Une personne qui a subi une agression psychique telle que le harcèlement moral « sous-entendus, allusions malveillantes, mensonges, manque de respect, humiliation » est réellement considérée comme une victime aux yeux de la loi.

Dans mon livre « le harcèlement moral » j’ai choisi délibérément d’utiliser les termes…agresseur-agressé…car il s’agit d’une violence avérée qui se transforme progressivement en conduites perverses aux conséquences graves.

La séduction narcissique rend confus, efface les limites de ce qui est soi et de ce qui est autre. On n’est pas dans le registre de la complicité, du partage, de la sensibilité voire de l’empathie mais plutôt dans une dynamique qui relève d’une interaction asymétrique destructrice entre deux individus. Pour l’agresseur, l’autre « la victime » est vécue comme une menace et non comme une complémentarité.

Le psychanalyste Alberto EIGUER indique que les individus narcissiques voire toxiques sont ceux qui sous l’influence de leur soi grandiose « ou soi dit vulnérable » essaient de créer un lien parfaitement confortable dans un premier temps pour s’attaquer par la suite à l’intégrité narcissique de l’autre « amour de soi-confiance en soi » afin de le désarmer.

Comme dans toute manipulation, la première étape qui commence par la séduction « processus d’influence » consiste à mener la cible à penser, à décider, à se conduire différemment de ce qu’elle ne l’aurait fait spontanément. Dans un brouillard total quant à ses prises de décisions « emprise » et régit par la peur, la victime se voit retirer par l’agresseur « agressions insidieuses » sa liberté de penser et d’agir pour s’en sortir, ses capacités de défense et son sens critique. 

Que dire de l’emprise…

L’emprise…tentative de destruction directe voire indirecte sur la victime…

• Une action d’appropriation par dépossession de l’autre.
• Une action de domination pour mettre autrui dans un état de soumission.
• Une dimension d’empreinte où l’on veut laisser une marque sur l’autre.

L’emprise n’existe que dans le champ relationnel, c’est la domination morale, l’ascendant ou l’influence d’un individu « voire complices dociles » sur un autre. La victime est prise dans une toile d’araignée, tenue à disposition, ligotée psychologiquement, elle n’a pas conscience qu’il y a eu effraction. Cette stratégie perverse est odieuse car l’objectif primaire de son contenu est d’éteindre l’autre, en le faisant douter, douter de ses pensées et capacités, de son affect en le niant, en l’attaquant, en l’accablant.  

L’agression se fait à bas bruit « en huit clos » car il s’agit d’une violence froide, fait de dénigrement, de sous-entendus hostiles, d’injures et de mensonges. Le manipulateur toxique en projetant sa négativité, en la ressassant, en la vivant éprouve une très grande satisfaction intérieure.

Il a bien reproduit le schéma qu’on lui a appris

Sa toute-puissance est en marche.

Nourri et apaisé « calmer ses incompétences » par cette suite de comportements toxiques, le manipulateur va pouvoir se positionner aux yeux des autres en tant que victime abandonnée 

« les rôles sont inversés ». En provoquant jalousie et rivalité, le processus de harcèlement va s’amplifier, la victime est stigmatisée.

Otto KERNBERG en 1975 « psychiatre et psychanalyste » traite des principales caractéristiques 

de ces personnalités narcissiques. Les plus courantes sont un sentiment de grandeur, un égocentrisme extrême, une absence totale d’empathie pour les autres bien qu’ils soient avides d’obtenir admiration et approbation. Ces personnages ressentent une envie très intense « jalousie-mépris » à l’égard de ceux qui semblent tirer plaisir de leur vie. Non seulement ils manquent totalement de profondeur affective et n’arrivent pas à comprendre les émotions complexes mais plus encore, leurs propres sentiments ne sont pas modulés et connaissent de rapides flambées suivies de dispersion.

Le seul moyen pour faire cesser le jeu malsain du harcèlement s’est de mettre en place des ordonnances juridiques ».

Extrait du livre « le harcèlement moral » Docteur Marie-France HIRIGOYEN 

En 1988 Marie-France HIRIGOYEN nomme…le harcèlement moral… dans un ouvrage devenu depuis un Bestseller et traduit en 26 langues. Cette thématique des violences psychologiques, explorée depuis un temps déjà a fait son petit bout de chemin et existe aujourd’hui dans les textes de loi.